30 mars 2008
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Qu’y-a-t-il derrière ces visages que nous croisons, dont nous croyons tout percevoir, tout connaître? Une réconfortante transparence télégénique ou de mystérieuses vies ?
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement
Georges Simenon n’avait rien d’un ascète contemplatif. Bon vivant, homme à femmes, aventurier des mers, explorateur de l’Afrique coloniale, road-moviste aux States, déménageur compulsif, c’était un concentré d’écrivain, capable d’engendrer un livre en trois jours, enfermé dans une pièce d’où il ne sortait que la mine défaite, amaigri jusqu’à l’os. Ses héros sont tout le contraire : lents, glauques, épais, flairant longuement les atmosphères, rechignant devant la matérialité des apparences, reniflant les âmes, les humeurs, les sentiments, pour tenter de comprendre (un peu) ces êtres bizarres : les hommes.
Loursat boit. Dans son immense maison de Moulins, avocat jadis redouté, il s’enivre pour oublier la fuite de sa femme, qui l’a abandonné avec leur bébé. Depuis vingt ans, Loursat s’occupe à feuilleter au hasard son immense bibliothèque, mange (grossièrement), se néglige, ne sort jamais et n’adresse mot à personne pas même pas à sa fille. Un soir il découvre par hasard un homme mort dans une chambre abandonnée. Puis, qu’une vie secrète se déroulait là, chaque nuit, autour de sa fille et de notables rejetons aussi francs et vigoureux que des vers blancs. L’amant de sa fille est accusé. C’est un pauvre, insolite dans ce groupe bourgeois. Loursat le croit innocent, renoue avec les plaidoiries, le sauve. Les amoureux se marient, s’installent au loin. Loursat recommence à boire. Oui, mais pas seul, au bistrot cette fois, entouré de monde
Dans une ville joyeuse comme un fantôme constipé, où l’ennui est plus épais encore que le brouillard, Loursat a redécouvert les gens vivants, les odeurs, les sons, les courants d’air du cœur, et la beauté modeste des sans-grades, leur humble grandeur face aux lâchetés des puissants. Il a retrouvé la vie avec ses petits secrets sans drames, ses mystères touchants, ses attendrissements.
Or, les personnages de Simenon ne sont-ils pas nos voisins de palier, les inconnus de nos trottoirs? Ils cachent, ils mentent, ils se trompent et s’égarent, mais ils sont si attachants ! Lisez Simenon, il rend heureux ! Quatre cents romans, ce n’est pas une affaire !
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement
« Les inconnus dans la maison » De Georges Simenon, aux éditions Folio.
Georges Simenon n’avait rien d’un ascète contemplatif. Bon vivant, homme à femmes, aventurier des mers, explorateur de l’Afrique coloniale, road-moviste aux States, déménageur compulsif, c’était un concentré d’écrivain, capable d’engendrer un livre en trois jours, enfermé dans une pièce d’où il ne sortait que la mine défaite, amaigri jusqu’à l’os. Ses héros sont tout le contraire : lents, glauques, épais, flairant longuement les atmosphères, rechignant devant la matérialité des apparences, reniflant les âmes, les humeurs, les sentiments, pour tenter de comprendre (un peu) ces êtres bizarres : les hommes.
Loursat boit. Dans son immense maison de Moulins, avocat jadis redouté, il s’enivre pour oublier la fuite de sa femme, qui l’a abandonné avec leur bébé. Depuis vingt ans, Loursat s’occupe à feuilleter au hasard son immense bibliothèque, mange (grossièrement), se néglige, ne sort jamais et n’adresse mot à personne pas même pas à sa fille. Un soir il découvre par hasard un homme mort dans une chambre abandonnée. Puis, qu’une vie secrète se déroulait là, chaque nuit, autour de sa fille et de notables rejetons aussi francs et vigoureux que des vers blancs. L’amant de sa fille est accusé. C’est un pauvre, insolite dans ce groupe bourgeois. Loursat le croit innocent, renoue avec les plaidoiries, le sauve. Les amoureux se marient, s’installent au loin. Loursat recommence à boire. Oui, mais pas seul, au bistrot cette fois, entouré de monde
Dans une ville joyeuse comme un fantôme constipé, où l’ennui est plus épais encore que le brouillard, Loursat a redécouvert les gens vivants, les odeurs, les sons, les courants d’air du cœur, et la beauté modeste des sans-grades, leur humble grandeur face aux lâchetés des puissants. Il a retrouvé la vie avec ses petits secrets sans drames, ses mystères touchants, ses attendrissements.
Or, les personnages de Simenon ne sont-ils pas nos voisins de palier, les inconnus de nos trottoirs? Ils cachent, ils mentent, ils se trompent et s’égarent, mais ils sont si attachants ! Lisez Simenon, il rend heureux ! Quatre cents romans, ce n’est pas une affaire !