Jeudi 27 novembre, 17H, au Lycée de l'Arc, les intervenants du Prix Première Chance à l'écriture étaient réunis pour la sortie officielle du roman d'Alicia Fertig, Voix pour moi. Lycéens, professeurs, personnel d'encadrement, membres d'ELU, représentants des collectivités territoriales, journalistes... tout le monde était là pour féliciter Alicia.
Dans une ambiance détendue, quelques participants ont "pris la pose"
M. COSMA, Proviseur, a évoqué la qualité du travail effectué et l'intérêt d'une telle action au sein du lycée.
Corinne a félicité les élèves pour leur qualité de travail et de discernement dans l'étude des manuscrits et souligné l'intérêt pour eux de vivre le processus complet de la création d'un livre, depuis le manuscrit jusqu'à sa présentation ce soir.
Elle a rappelé le thème du Prix 2009, "Le bonheur, ces petits riens…", dont le premier manuscrit retenu est actuellement entre les mains des élèves.
Jacques SALOMÉ, parrain du Prix, qui n'avait pu se libérer — invité d'honneur au salon du livre de Montréal, Québec— avait envoyé un texte écrit spécialement pour l'occasion, à l'adresse des élèves, mais aussi, de tous les candidats à l'écriture. (voir ce texte plus bas).
Corinne a ensuite invité Alicia Fertig à partager son expérience du Prix, elle qui n'avait, au départ, pas eu du tout d'inspiration sur le thème 2008, "Couleurs et sons". Grand bien lui a pris de passer l'été 2007 à écrire "1200 mots par jour", comme elle se plait à le rappeler. "Je m'imposais d'écrire tous les jours, sinon, j'aurais eu le double de travail le lendemain". Cet engagement envers elle-même, elle l'a tenu, et la première récompense, c'était d'avoir réussi, d'être allé au bout. Un défi pour elle qui n'écrivait jusqu'alors que des nouvelles ou s'essayait à la BD. Aujourd'hui, Alicia étudie à l'IUT d'Aix-en-Provence, section métiers du livre. Elle se destine à devenir libraire, ou… pourquoi pas éditrice? "enfin, travailler dans une maison d'édition" a-t-elle précisé. D'autres écrits sont en cours. Alicia sait que Corinne sera plus difficile car, si le lecteur excuse la fragilité d'un premeir roman, le deuxième doit être plus abouti. C'est le virage pour l'auteur, à lui de ne pas le rater. L'exigence sera au rendez-vous. Jean GATEL, mandaté par Claude HAUT, Président du Conseil Général absent excusé, a souligné la qualité du travail effectué par la maison d'édition Elan Sud, l'importance de l'écriture et de la lecture chez les jeunes, auxquelles s'attachele Conseil Général de Vaucluse, et surtout félicité les intervenants pour une telle initiative aux accents culturels et pédagogiques.
Une fois de plus, Esther MELLO a prêté sa voix pour lire quelques extraits du roman. Les deux lettres "phare" sur la description des sons et des couleurs sont bien le cœur du roman, sans oublier l'intrigue entre ces deux élève et Nest', homme de ménage un peu décalé. Une soirée décontractée, une ambiance chaleureuse et légère qui s'est terminée autour d'un verre de l'amitié devant un buffet d'une qualité digne des plus grands traiteurs, pendant qu'Alicia dédicaçait son roman. Un grand bravo au cuisinier du lycée! Nombre de participants ont regretté de n'avoir pas connu cela lors de leur période scolaire... De quoi avoir envie de retourner manger à la cantine!
Pour un art de l’écriture. Il y a deux directions possibles à l’écriture une écriture tournée vers soi, qui permet de passer du dedans au dehors. Tel un premier pas de l’imaginaire pour se hasarder dans la réalité, pour se confronter à un regard, pour pointer le nez en vue d’une reconnaissance de l’extérieur…. une écriture tournée vers autrui, qui prolonge le passage du dedans au dehors, pour aller plus loin, jusqu’à l’horizon d’un lecteur. Passer de l’impression intime d’un vécu éphémère, d’une sensation fugace, d’un ressenti présent jusqu’à une expression avec une mise en lettres qui fait l’économie d’une mise en mots. Au delà de la mise en lettres, construire des phrases, structurer en chapitres et être, un jour, prolongé dans les pages d’un livre... quelle naissance, quelle mise au monde, quelle aventure ! Prenez un mot, prenez en deux, approchez les d’un troisième qui caressera suffisamment les deux premiers pour engendrer une phrase, pour générer un début d’idée, un embryon de récit. Ensoleillez l’ensemble dans une histoire et arrosez le tout avec un peu de sens, vous aurez le début d’un voyage, l’arrivée sur un continent nouveau, la plongée dans dix existences immortelles, de la naissance d’un héros, de ses passions, de l’agonie d’un perte ou de la renaissance. Ecrire c’est coucher des mots sur un lit d’air. C’est renaître dans un espace où le souffle des idées rejoint le vent d’une phrase. Ecrire c’est labourer un désert de lettres, c’est boire l’eau des mirages de la pensée, c’est laisser une empreinte sur la dune d’une ligne. Ecrire vois-tu c’est reculer l’horizon du présent, ouvrir des parallèles dans la ligne du temps, c’est rejoindre une étoile dont la lumière va mettre encore plusieurs vies à nous atteindre. Ecrire c’est filer une mémoire laineuse et oublieuse, c’est tisser de la chair avec le sang de la vie. Ecrire correspond parfois à un besoin, quelquefois à une exigence ou une nécessité, voire une urgence. Comme s’il fallait sortir de soi, lâcher, déposer quelque chose qui ne peut rester à l’intérieur ou qui doit être transmis. Mon premier livre fut un roman, longtemps ruminé, machouillé, écrit, réécrit, lu à haute voix, relu, abandonné, repris. Je marchais sur des feuillets aimés, haïs, rejetés, jalousement recopiés, avant d’être donné en lecture à quelqu’un de fiable. Pas n’importe qui, ce fut une femme d’éditeur, qui corrigeait les manuscrits retenus par son mari. Je prenais un risque considérable, celui d’un diagnostic sans appel, mais j’avais une confiance infinie dans le jugement littéraire de cette personne ! Je le dis encore aujourd’hui avec beaucoup d’émotions, elle fut touchée, enthousiaste et c’est son regard, son accueil qui m’autorisa, dans le sens de me rendre auteur, à poursuivre…. Une écriture, avant d’apparaître au bout de votre stylo, vous habite, vous tenaille d’abord silencieusement. Parfois elle se déchaîne et vous assaille dans les moments les plus inattendus. Elle vous transporte, vous dépose pour vous agrandir dans le rire des étoiles que sont les yeux d’un lecteur étonné de se sentir si proche, de se reconnaître dans votre écriture qu’il fait sienne, plus souvent qu’on ne l’imagine, se l’appropriant, en accueillant au plus intime de lui des mots, des accords et des harmonies de résonances Un livre est un des moyens le plus confirmé de faire l’amour avec un inconnu, votre prochain, votre semblable, en le faisant rêver et voyager bien au delà de vos propos, en le rejoignant dans son imaginaire. Déposez les germes radieux de votre inspiration dans le nid d’une page. Il en restera toujours un enfant émerveillé de naître au temps des achèvements. Croyez en vous dés le premier mot et laissez croître ainsi un peu plus d’avenir dans la suite d’une ligne, dans le prolongement d’une page, dans l’immensité accueillante d’un chapitre. Jacques Salomé.